Le commentaire du médecin était assez clinique : il voyait la rétine typique d’un myope. Moi, au contraire, je regardais en extase cette image, croyant avoir découvert une nouvelle planète.
L’image du capteur a intrigué l’ophtalmologue. Il expliquait le résultat obtenu par l’existence des miroirs sur la surface du capteur, par la nécessité de décomposer la lumière. Bien que écoutant ces explications, mon intérêt était ailleurs.
Ce qui m’importait était la relation entre les deux images obtenues chez l’ophtalmologue. La photo de ma rétine, la partie de mon corps dédiée à la perception de la réalité, est à dominante rouge. La photo du capteur de mon appareil photo, verte. Mon appareil photo et moi, nous ne voyons probablement pas le monde de la même manière. Cependant, à l’instar du vert et du rouge, nous sommes complémentaires dans le regard que nous portons sur la réalité.