UNE DÉMARCHE ARTISTIQUE SINGULIÈRE, ENTRE DIGITALISATION ET MATÉRIALISATION
Valerio VINCENZO, artiste visuel italien ancré à Paris, s’est d’abord intéressé à la photographe documentaire par envie de questionner la réalité au-delà de l’image.
Par la suite, la profusion des images produites dans notre société et la manière dont elles transforment notre perception l’a incité à poursuivre sa recherche sur un chemin plus conceptuel qui l’a conduit à mener des projets artistiques s’attachant à proposer d’autres niveaux de lecture, et, ce faisant, donner à réfléchir sur l’image photographique aujourd’hui.
Il se situe dans le sillage des tendances picturales des années 1960, faisant sien le commentaire d’Ingrid Luquet-Gad à propos de l’exposition Renverser ses yeux, « La perception est à nouveau un enjeu, en proie à la réification machinique comme elle le fut autrefois par l’industrialisation ».
Sa démarche, comme dans la photographie concrète, se concentre sur le processus photographique et tous ses ingrédients : la lumière, l’appareil photo, la surface de projection, et non pas sur la représentation subjective d’un motif. Il conduit des expérimentations en connexion avec le mouvement des objets dans le temps et l’espace (cf Gianfranco Chiavacci), souvent en collaboration avec d'autres disciplines.
Les références et influences de Valerio sont multiples, des travaux d’Eugène Atget au début du XXe siècle à l’approche conceptuelle des minimalistes américains et de l’Arte povera italien. Valerio s’attache à décortiquer visuellement les composantes et les enjeux de l’acte photographique contemporain.
C’est ainsi que, dans la série Sans objectif, le geste d’enlever l’objectif est au moins aussi important que le résultat final. C’est l’acte libératoire d’un photographe qui se sépare d’une partie de son appareil, pour se sentir plus léger dans sa recherche, pour s’affranchir de la contrainte d’une reproduction fidèle et explorer l’interaction directe et sans filtre entre la surface plate d’un capteur et la réalité.
Cette abstraction plastique donne à voir un nouveau rapport au réel, une volonté de créer des images qui permettent une réflexion sur leur valeur et leur matérialité, dans un monde bouleversé par le numérique.
Valerio VINCENZO mène aujourd’hui plusieurs projets artistiques, à son nom ou sous le pseudonyme Vastrini, en parallèle de ses responsabilités en tant que chef de service photo du magazine GEO.
Il aborde également la question du statut de l’image dans sa préoccupation de transmettre et d’éduquer à l’image par le biais de l’association, reconnue d’intérêt général, Borderline, les frontières de la paix, dont il est le fondateur. Il a reçu le Prix Louise Weiss en 2013, prix qui est pour la première fois attribué à un travail photographique.
Valerio Vincenzo est représenté par Hélène Cascaro.