LES IDIOTIES (2024-2025)



Les Idioties sont des photographies appliquées directement sur les surfaces qu'elles reproduisent. Elles n’ont de sens que à l’emplacement précis où elles sont installées.

A l’instar de la réalité, telle que l’analyse Clément Rosset dans Le Réel, traité de l’idiotie, ces photographies existent « en tant que fait singulier, sans reflet ni double : [elle sont] une idiotie, donc, au sens propre du terme».

L’installation proposée ne se contente pas seulement de réduire la distance entre l’œuvre et son modelé, elle opère une forme de magie ontologique. Une fois en place, l'original devient à la fois visible en étant dupliqué dans l'art, et invisible en étant recouvert. De l’autre coté, l’image, parfaitement fondue à son support,  devient elle même invisible, bien qu’exposé directement au regard du spectateur. L’oeuvre utilise des matériaux délaissés – briques éclatées, pierres imparfaites, déchets de chantier.

Dans une société qui produit plus qu’elle ne retient, accumule plus qu’elle ne regarde, l’installation propose ainsi un geste de ralentissement : retrouver, dans un univers saturé d’objets et d’images, une forme d’attention au reel. Contrairement à d'autres projets avec lesquelles elle partagent une sympathie conceptuelle, comme « Untitled-six sites » de William Anastasi (1966) ou « Affreschi » de Franco Guerzoni (1972), les idioties ne se limitent pas à représenter la réalité. Elles la remplacent.